Du pessimisme du paysage politique actuel.

Ce qui est fabuleux avec internet, c’est que l’on peut dire presque tout et n’importe quoi.
N’importe quoi ne veut pas dire que c’est faux, mais que l’on dit ce que l’on veut.
Et puisque nous sortons d’une période d’élection pour les étudiants, j’ai décidé d’écrire un petit quelque chose qui résume mon état d’esprit.
En effet il fallait choisir entre quelques associations pour nous représenter au conseil d’administration (enfin, si j’ai bien compris !).
Je dis bien si j’ai bien compris, parce que j’ai la franche impression qu’autant à notre niveau qu’au niveau national, le but n’est même plus de communiquer avec les électeurs mais de décrédibiliser les autres, d’être bloqué en mode partisan en permanence.
J’avais pour ma part le choix entre 5 listes :

  • L’UNEF, qui a commencé un speech par « vous savez, la majorité des adhérents de l’UNI ont participé a la manif pour tous », bon sang mais qu’est ce qu’on s’en fout ? Où est l’université dedans ? Où suis-je ? Moi, étudiant ?
    Alors on a compris, l’UNI, vilaine droite, pas bien, bouh, méchant, nous mieux, nous vous représenter mieux. Ok ok, mais comment exactement ? Qu’est ce qui changerait à Orléans ? Je n’en ai pas entendu parler.
  • L’UNI, même constat, très partisan, très « votez pour nous, c’est super important parce que nous on vous représentera mieux et F.Hollande il est vilain pas beau ». Ok, mais qu’est ce que ça change précisément pour moi ?
  • Solidarité Etudiante, mon ressenti perso c’est que pour quelqu’un qui passe la moitié de son temps à dénoncer le FN, je les trouve pas moins extrémistes. Bloquer les FAC et exercer la politique de la chaise vide, très peu pour moi.
  • Deux autres listes que je ne connais absolument pas, alors autant les trois autres étaient vraiment présents sur le campus (bien trop… Pas forcément super productif d’aborder 10 fois la même personne à 8 endroits différents), autant les deux autres listes… Rien, nada, si tu veux des infos cherche les. Bin non.

Alors si l’un d’eux passent par ici, on me dira que je suis de mauvaise foi et que c’était marqué dans les tracts, oui mais voilà, tout comme le ras le bol fiscale, il y a le ras le bol tractale.
Je m’explique, les tracts sont souvent encore plus partisans que les personnes qui les distribuent, et sont souvent remplis de mauvaise foi. (toujours ce problème de « regardez ce que les autres font et qui est vraiment effroyable et qui va vous détruire vouuuus étudiants »)
Ce qui fait que passés les premiers mois de la L1, on ne les lit plus, et si l’un d’eux arrive a terminer dans nos mains malgré nos refus, il termine généralement dans la poubelle la plus proche ou ailleurs (après un rapide coup d’œil quand même…)
Et ça se vérifie chaque fois que des tracts sont distribués : Les allées du restaurant universitaire remplies de ces tracts, des tracts dans les amphis, des tracts dans les poubelles, des tracts sur les bancs, des tracts partout.
Résultat, les tracts ne sont pas nécessairement le meilleur moyen de faire passer ses idées aujourd’hui.
Et puis mince quoi, à l’heure du numérique, comment est-il possible de mettre autant d’argent et de gaspiller autant de papier ?
Autre soucis, les espaces d’affichage. En fait ils résument bien le climat qui règne, ou en tout cas l’impression que cela donne.
On affiche 20 000 fois notre affiche avec des mots en gros qui font peur, et puis ceux d’après les arrachent et collent a leur tour 20 000 affiches avec des mots en gros qui font peur.
Au final, les seules fois ou l’on fait attention à ces affiches, on s’en moque un peu (sérieusement des fois ce qu’il faut pas lire…) et on passe notre chemin.
L’espace d’affichage d’Eco-Gestion est horriblement moche, rendu moche par le fait que les différents groupes n’arrivent pas à concevoir que d’autres choses que les leurs puissent être affichées.
Sérieusement, ça ne serait pas plus efficace de se rencontrer et de se dire ok, tel panneau est pour vous, tel panneau est pour vous ? L’affiche serait affichée une fois, pas besoin de plus, sans avoir des bouts de papiers dans tous les sens.
Et surtout, le message passerait surement bien mieux…
Alors je sais qu’il est parfois compliqué d’être d’accord sur une multitude de sujet, mais il me semble que tout le monde est d’accord sur ceux-là :

  • Le débat doit être démocratique, s’il l’est pendant les discutions juste avant de voter, il ne l’est pas dans le comportement des affiches par exemple.
  • Le but final est de rendre service aux étudiants.

Je suis assez sidéré par l’état d’esprit actuel est dans une bonne partie de la politique.
Ces soucis sont également ceux de partis qui ont oublié ce qu’était leur rôle, avancer, et non pas être des gamins incroyables qui oublient que derrière, il y a la France qu’ils aiment tous.
Si les jeunes veulent faire de la politique, c’est génial, c’est honorable, mais par pitié, ne prenez pas les mauvais côtés. La seule manière d’avancer, c’est d’avancer ensemble.
Bien sûr qu’il faut débattre, qu’il faut confronter les idées, mais pas de manière stupide.
Autre chose, j’ai fais remarqué lorsque j’étais a la fac qu’on ne voyait aussi bien l’UNI que l’UNEF que lors des élections, et la réponse a été qu’ils étaient là en permanence et que si on avait un soucis on pouvait les contacter, et qu’ils distribuent souvent des tracts.
Oui mais non, ça ne marche pas comme ça.
D’abord parce que si on a un problème, ça n’est généralement pas eux que l’on va contacter (quel avantage par rapport à l’administration de la fac ?)
Et puis parce que cette communication qu’ils font est à sens unique ! Nous – > Vous, étudiants.
Je n’ai pas souvenir, en deux ans, d’avoir donné mon avis sur quoi que ce soit, j’aurais aimé pourtant, et j’aurai aimé avoir l’avis des autres.
Et pourquoi pas un sondage en ligne (bi)mensuel pour avoir un état d’esprit des étudiants puisque l’observatoire de l’université reste une interaction rare ?
Pourquoi ne pas organiser régulièrement des débats DÉMOCRATIQUES entre UNI, UNEF et autre au sein de l’université, tout en respectant l’autre, et en étant constructif ?
Pourquoi la quasi totalité de leurs messages sur les réseaux sociaux est centré sur la politique ? (quand ils sont présents…)
Où qu’il est mon bien être à moi, étudiant, je parle pas de mon futur, il va encore être modifié de nombreuses fois avant que j’y arrive, mais mon présent ? Qu’est ce qui a été fait, a Orléans ? Qu’est ce qui sera fait, exactement ?
Je n’ai plus l’impression d’avoir des associations locales, sûrement qu’elles s’occupent de quelque chose, je l’espère, mais quoi ? Je ne sais pas.
Malgré tout, je respecte la volonté de chacun de vouloir faire avancer les choses, mais ne serait-ce pas plus efficace de le faire dans la bonne humeur et le respect permanent ?
La majorité désigne un cap, les autres nuances, la majorité en tient compte, et voilà.
Bien sûr que personne ne sera satisfait à 100%, mais c’est aussi ça la démocratie, les concessions.

Un « piège-doigt » chinois.

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2 réponses

  1. Laurent dit :

    Tu pointes plusieurs problèmes qui sont réels mais qui n’en appellent pas moins des réponses que tu n’évoques pas.
    En ce qui concerne les tracts : c’est effectivement un moyen de communication d’un autre âge, qui pouvait avoir une efficacité certaine dans les années 1990, lorsque les étudiants n’avaient pas de téléphone portable, d’ordinateur et encore moins de smartphones. Aujourd’hui, l’utilité d’un tract est très limitée.
    Pourtant, lorsque l’on est un syndicat étudiant, on ne dispose pas de l’embarras du choix en matière de moyens de communication. Tu évoques le numérique, internet : oui, mais que faire ?
    -Facebook : c’est bien, mais c’est un outil que pour les étudiants qui connaissent déjà l’organisation. Et dans le flux des posts, les informations se perdent souvent.
    -Twitter : De même, il faut que les gens soient déjà followers, et le turnover des tweets est encore plus rapide.
    -Un site internet : De même, si les gens ne connaissent pas, il ne s’y rendent pas.
    Le problème est bien que le tract est le seul outil de communication de masse qui permet à une organisation ayant peu de moyens de toucher tous les étudiants d’une université. Les outils numériques ont tendance à être très centrés autour de logiques de cliques qui empêchent de toucher les gens massivement. Si tu vois une solution, je suis tout ouïe, mais présentement, je n’en aperçois pas.
    Sur la communication à sens unique, c’est un problème. Mais c’est un problème lié à un fait très simple : la plupart des gens ne veulent venir voir des inconnus pour donner leur avis. J’ai personnellement tenté d’organiser des réunions participatives, dont j’ai informé les gens en intervenant dans les cours, en distribuant environ 600 flyers : personne ou presque n’est venu.
    Je sais que l’UNEF par exemple organise des réunions hebdomadaires ouvertes à tous. Sauf qu’en dehors des militants, quasiment aucun étudiant ne se donne la peine d’y venir spontanément.
    De même, j’ai personnellement envoyé un sondage en ligne sur les conditions d’études à environ 350 étudiants par mail. Bilan : 4 réponses.
    Quant aux panneaux d’affichage, il existe des universités où l’espace est réparti. Sauf que cet état de fait est difficile à maintenir étant donné qu’il suffit que quelqu’un ait moins d’affiches à coller que les autres pour qu’il ait intérêt à déchirer les affiches des autres et ainsi relancer la guerre des affiches.
    Venons ensuite à la question d’avancer ensemble : l’intention est bonne mais il n’est pas possible d’avancer ensemble dans des directions séparées. Beaucoup regrettent la désunion du mouvement social étudiant, mais certaines autres différences sont irréductibles. Quand l’UNI veut avancer vers l’Est, l’UNEF vers l’Ouest et une troisième force vers le Sud, il n’est pas possible d’avancer ensemble.
    Entre vouloir un enseignement supérieur accessible à tous, conçu pour assurer la réussite de tous afin d’améliorer le niveau général de formation (et derrière de salaire) de la majorité de la population, et vouloir une université sélective, restreinte à une petit nombre et servant à choisir la nouvelle génération de dominants et légitimer leur domination ; entre ces deux visions-là, aucun compromis n’est possible.
    Tu pointes des problèmes réels, mais j’espère avoir pu te faire ressentir les contraintes qui existent et qui aujourd’hui font que les solutions existantes sont les moins mauvaises. Je t’assure que (à l’UNEF en tout cas), nous réfléchissons à des solutions, mais elles ne sont pas évidentes, et beaucoup nous sont inaccessibles en termes de coût.

    • Valentin dit :

      Bonjour, un grand merci pour ce commentaire pertinent et détaillé.
      Concernant les réseaux sociaux, il est vrai qu’il y a un coté « instantané-poubelle », malgré tout ça n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour la « petite communication au quotidien ».
      Après bien sûr, je ne vois pas une argumentation complète sur Twitter par exemple, ça n’est vraiment pas fait pour ça.
      Pour le site internet c’est vrai, reste à se poser la question du pourquoi les gens ne s’y rendent pas.
      Par un manque de connaissance, en grande partie certainement.
      Par un rejet de tout ce qui apparaît comme trop partisan aujourd’hui, peut être aussi.
      Je pense que les étudiants ont perdu le sens de la communication et du débat, du vrai, et je regrette le manque de présence aux réunions qui ont pu être organisées.
      Idem pour le sondage, c’est dommage.
      Malgré tout je pense qu’il faut persévérer dans cette direction et ne pas se laisser décourager.
      Idem pour la communication, personnellement j’ai tendance à penser « oh non, ils vont encore nous déranger avec des tracts » dès que je vois un militant venir, c’est ancré et il y a un réel soucis d’image, d’impression que c’est une communication à sens unique.
      Quand je parlais d’avancer ensemble, je parle de certains projets sur lesquelles vous êtes sûrement d’accord.
      En tout cas merci encore pour le commentaire, communiquer il n’y a que ça de vrai 😀

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